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 i'm lost and found, it's my final mistake. (sam)

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Sam Monroe


Sam Monroe
THE KIDS AREN'T ALRIGHT


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MessageSujet: i'm lost and found, it's my final mistake. (sam)   i'm lost and found, it's my final mistake. (sam) EmptyVen 24 Juin - 8:56

Cosmic violence, chills dripping like acid rain
Keep coming back cause it's you I crave

------------------
(sam monroe)

âge › ici. date et lieu de naissance › ici. profession › ici. situation amoureuse › ici. orientation sexuelle › ici. situation financière › ici. groupe › dancing with the deil. avatar › chico. crédit › bannière (c) tumblr, citation (transviolet/bloodstream).


anecdote ○
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Sam Monroe


Sam Monroe
THE KIDS AREN'T ALRIGHT


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MessageSujet: Re: i'm lost and found, it's my final mistake. (sam)   i'm lost and found, it's my final mistake. (sam) EmptyLun 19 Juin - 21:17

« Quand j'serais grand, j'partirais quelque part, sur une île. Aux bahamas. Y'aura la plage, et des gonzesses. » Lançait l'aîné, le regard fixé sur l'océan, un air méprisant creusant ses joues. Et puis, juste à côté, il y avait Sam. Le petit Sam de onze ans qui l'observait avec un regard presque trop admiratif, le cadet qui éprouvait une drôle de fascination à l'égard de son frère, comme s'il lui vouait un espèce de culte qui ne voulait rien dire. « Tu viendras avec moi, hein Sam ? » Et il hochait la tête, oui, pas assez pour s'en déboîter le crâne, mais pas loin ; bien sûr qu'il partirait avec lui, loin d'ici, loin de Minneapolis. « Bah oui, t'sais bien Jake, on partira tous les deux. » Mais déjà, ils n'avaient pas les mêmes motifs, non. Car lui, le gamin, il avait encore un peu de cette candeur au fond des yeux, il avait encore l'innocence au sens premier du terme dans la peau. Lui s'imaginait des vacances au goût salé, les bateaux sur la plage, les pêcheurs qui travaillent, et les paillassent où l'on mange le soir. Il ne connaissait pas encore le monde, il n'était pas encore imprégné de tous ses vices, à l'époque. Ou presque. Ça viendrait bien assez vite, surtout avec Jake. Jake son modèle. Jake qui lui faisait bouffer des paillettes matin, midi et soir. Jake qui lui soufflait au creux de l'oreille les promesses fallacieuses d'une vie meilleure. Ce type c'était pas un saint, non ; mais c'était son frère. Et c'était largement suffisant pour lui faire confiance et le suivre les yeux fermés, même s'ils se dirigeaient vers le précipice. Il s'en était pourtant pris plein la tête par sa faute. Il en avait pris, des coups, parce qu'il avait cherché à le suivre dans ses conneries. Mais il continuait à faire pareil, parce que Jake, c'était un idéal. C'était la personne qu'il voulait devenir, même si sa mère était pas d'accord. Parce que ce que le plus petit arrivait pas à intégrer, c'est qu'ils n'étaient pas semblables, il n'était même pas compatible avec lui, sur le plan du caractère, ou même de la personne toute entière. Mais il se donnait l'illusion qu'un jour, il serait comme lui. Parce qu'il devait être comme lui.

★★★

« Tu vas m'expliquer ce qui s'est passé ? » Il avait le regard perdu dans le vague, là, assis dans le bureau en face du directeur de l'établissement scolaire. Dix-huit ans, il comptait certainement plus de bagarres que Mike Tyson. « Rien. » Rien, répétait-il sans cesse alors qu'il pissait le sang par les narines. Il avait juste essayé de faire le dur, de jouer au plus malin. Parce que Jake répétait toujours que le respect, y'avait que ça de vrai ; qu'ils t'aiment ou te détestent, tant qu'ils te craignent. « Rien. » Il haussait un peu les sourcils, secouait la tête de gauche à droite, tranquillement. « Tu préfères que j'appelle tes parents ? » Mais allez-y, encore. Ce sera qu'une raclée de plus en rentrant à la maison. Il soupirait un peu. Il détaillait les traits tirés de l'homme en face. Cet air insolent, ce côté je m'en foutiste, c'était pas tellement lui. C'était un peu de son aîné qui avait déteint, au fil des années. « Non, c'est bon. » C'est bon, j'vais m'en sortir, je m'en sors toujours. C'était totalement inutile de rentrer dans les détails, l'homme en face avait tellement l'habitude de ces petites altercations qu'il ne cherchait même plus à creuser plus loin. « Tu devrais arrêter un peu Sam, c'est pas toi ces trucs-là. » Le concerné haussait les épaules, indifférent. « Je ne sais pas ce que tu cherches à prouver, et à qui tu veux le prouver, mais tu devrais mettre le frein un peu et te concentrer sur tes études, plutôt que de jouer les caïds. » Une nouvelle fois, il jouait la carte de l'indifférence, car il était hors de question d'admettre que le type en face de lui avait un tant soit peu raison. « Tu n'es pas ton frère Sam. Ne te laisse pas entraîner. » Son frère. Dès que le sujet revenait sur le tapis, il avait les yeux qui pétillaient, et il se concentrait un peu plus sur ce que pouvait dire le doyen. Soupir. « Allez, file. »

★★★

« JE FAIS CE QUE JE VEUX. » Hurlait-il encore, massant sa joue encore endolorie. Son père avait quelque chose de furieux dans les yeux, sa mère elle, avait toujours l'air aussi absente, et se contentait de le regarder de ses grands yeux bruns. « Et tes études Sam, tes études ? » Demanda-t-elle d'une voix fragile. « J'arrête, c'est pas pour moi. » Il baissait les yeux, pas vraiment honteux, plutôt énervé. Qu'est-ce qu'ils attendaient tous de lui ? Que tu fasses mieux que Jake. Que tu t'en ailles de cette ville, que tu deviennes quelqu'un, toi. À ton avis, pourquoi est-ce que c'est lui qui reprend le garage familial ? Il est encore temps de prendre la fuite. Mais il ne la voyait pas vraiment la porte de sortie. Il ne comprenait pas qu'ils réagissent ainsi. Pas encore. « Et qu'est-ce que tu vas faire, hein ? » Renchérissait son père. Il avait sa petite idée, en fait. « J'veux être pompier, à la Firehouse 51.  Comme ça je pourrais bosser au garage à côté, quand je serais pas de garde. » Son père ruminait, son frère gardait les bras croisés et observait la scène un peu plus loin, avec un sourire nauséabond qu'il ne portait que trop souvent. Sa mère se mettait à sangloter ; encore. « Ah non. Tu es fou. C'est trop dangereux. » Il secouait la tête ; non, non ce n'était pas une raison. Il avait fait son choix. « Non, c'est hors de question, c'est trop risqué. » Il haussait le ton à nouveau. « Réveille toi m'an, j'ai pris ma décision, j'te demandais pas ton avis ! » Et il partait, et il claquait la porte derrière lui, bien fort. Il s'éloignait dans la rue, partait au pas de course, et déjà, il regrettait son comportement, son attitude avec elle. Et les choses allaient de pire en pire, depuis vingt-deux ans déjà.

★★★

« Alors, comment il va le préféré ? » Sam souriait. Sam souriait encore. Il souriait tout le temps, et étreignait son frère comme s'il ne l'avait pas vu depuis une bonne décennie. Je vais bien, même quand je vais mal ; la question n'avait même plus de sens avec le plus jeune Monroe. « Bien, et toi ? » Une tape presque sèche dans le dos, quelques éclats de rire sans raison particulière, juste la joie de revoir l'autre. « Toujours bien tu sais, c'est calme ici, quand t'es pas là pour mettre l'brin. » Nouveaux éclats de rire. Les deux montaient à l'étage du garage, dans le bureau qu'était celui de Jake maintenant. Sam n'y était pas venu depuis un bout de temps, l'affaire de quelques semaines, et l'endroit était de nouveau un capharnaüm pas possible. Il constatait une fois de plus que son frère était toujours aussi bordélique. « Et alors, ces deux mois en France ? T'as manqué à tout le monde ici, tu sais. Tu comptes faire quoi ? » Bien des questions d'un coup, il s'asseyait, souriait dans le vide comme à son habitude. « C'était bien. Très bien même, j'pense qu'on y retournera. Pour l'instant, je compte bien me présenter au concours pour la Firehouse. Ça fait un an que j'attends, un an que j'me prépare, j'pense que ça peut le faire. » Il hochait un peu la tête avec un air un peu plus sérieux, son frère le jaugeait, avec ce mépris qui fondait dans ses yeux, encore. Ce mépris que Sam prenait soin d'ignorer depuis toujours, parce qu'il était presque blessant, tant il était vrai. « J'vois. J'prévoyais quelque chose pour nous, mais j'vois que t'es occupé. » La frustration qui se dessinait sur les lèvres du cadet. La curiosité naissante au fond de son regard. « Dis-moi ? » Jake qui prenait un air mystérieux, complètement détaché. Tu vois pas qu'il joue avec toi Sam ? Il joue avec toi comme il l'a toujours fait. T'es décidément trop bête pour t'en rendre compte. « Rah, non, t'es occupé, c'est pas la peine. » Et le chasseur qui attire le gibier dans le piège ; inutile de dire qui tenait quel rôle, c'était tellement évident. « Allez, dis. » Un silence pesant, un peu trop long, et enfin l'aîné se décidait à reprendre la parole. « Un coup, que j'prépare avec des gars. » Sam était piqué à vif, rongé par une curiosité qui pourtant, ne disait rien de bon. T'as toujours pas compris qu'il se sert de toi, comme depuis vingt-trois ans ? T'es définitivement trop con.

★★★

« Et tu lui as dit que tu étais de la partie ? » Il gardait les lèvres pincées, le regard fuyant. Il n'arrivait même plus à les fixer, elle et sa colère. Elle et cette haine pour peindre ses traits, elle et cette agressivité pour durcir ses mots, toujours plus. Il passait une main sur sa nuque, comme par automatisme, un tic qui dévoilait le mal être de l'instant. Elle n'était pas du genre à édulcorer ses propos, et lui se contentait de subir la tempête, une fois de plus. Même si cette fois, c'était justifié. C'était compréhensible. Il soupirait et secouait un peu la tête, posant à nouveau un regard navré sur la blonde qui se tenait en face de lui. « J'suis désolé Siam, j'pouvais pas dire non... » Elle regardait en l'air, exaspérée, tapait violemment du plat de la main sur le comptoir de la petite cuisine. Il restait prudemment derrière, comme effrayé. Qu'est-ce qu'il avait fait encore. Qu'est-ce qu'il avait bien pu faire pour qu'ils en viennent là. « Tu te fous de moi Sam ? Ou alors, t'es vraiment trop stupide ! » Il était stupide, mais il était né ainsi. Elle avait pas le droit de le blâmer pour ça. « C'est rien, d'accord ? » à nouveau, elle avait un espèce de rire dément, ironique. Rien. Ce n'était rien non, rien à part une autre belle connerie, dont l'instigateur n'était autre que son frère aîné. Il passait précautionneusement de l'autre côté du comptoir, encore hésitant ; la proximité, c'était la seule méthode qui lui restait. Mais elle n'était pas de cet avis apparemment, puisqu'elle envoya sa main valser contre la joue du brun. « C'est rien ? » Reprenait-elle agressivement, alors qu'elle le repoussait, toujours plus loin d'elle. « Un braquage de bijouterie Sam, c'est rien ? » Elle était furieuse, presque folle ; jamais il ne l'avait vue se mettre dans un tel état. Ou du moins, il n'en avait pas le souvenir. Siam, ça avait toujours été de l'amour. Siam, ça avait toujours été celle pour qui il aurait tout fait. Siam, c'était sa petite amie. Et pourtant, Siam était toujours en seconde position, par rapport à Jake. « Juste ça Siam, juste ça. Tout est déjà planifié, tout se passera bien. » il s'efforçait d'être rassurant, de sourire, d'essayer de faire passer la pilule. Mais c'était pas un petit deal à la con, c'était pas un gamin qui volait une pomme sur un étalage. C'était d'une bijouterie dont ils parlaient. Et c'était trop à encaisser pour la jeune femme qui se ruait sur lui, et tapait presque violemment contre son torse. « Calme-toi merde ! » Non, elle ne voulait pas se calmer, puisqu'elle refoulait toujours plus de colère contre lui. Elle s'arrêta un instant, ses poings devenant certainement trop douloureux. Court instant de répit. La trêve avant la suite de la bataille. « C'est pas rien Sam ! Tu vois pas qu'il se sert de toi ? T'es vraiment trop con ! Mais regarde-toi un peu, à suivre Jake comme un chien, t'es, t'es juste trop. Tu sais, quoi, dégage. Dégage d'ici, j'veux plus te voir. » Il serrait un peu les dents, plissait le front. Elle ne le pensait pas, elle n'avait pas le droit de le penser. Pourtant, il savait à quel point elle avait raison. Il refusait juste d'y croire, comme toujours, il fermait les yeux sur la vérité. Parce que Jake, c'était encore mieux que la vérité. Il secouait un peu la tête, reprenait désespérément. Il se dirigeait vers la porte, sortait de l'appartement pour rester sur le palier, tentant une dernière fois de la raisonner. Ou plutôt, de l'empêcher de le raisonner lui. « C'est juste un coup Siam ! Après, on s'en va. J'te jure qu'on quitte Minneapolis. Tant pis pour la Firehouse, tant pis pour ma famille, pour Jake, j'te jure qu'on s'en ira. On partira aux Bahamas, ou en France, où tu veux, on ira où tu veux. » Elle sanglotait à moitié, la colère avait mué en une espèce de tristesse qui humidifiait ses yeux toujours plus. « Mais j'veux pas partir Sam ! J'm'en fous qu'on reste là, t'entends ? J'veux pas que tu fasses cette connerie. J'le sens pas. Pas plus que j'sens ton frère, tu vois. » Il secouait à nouveau la tête, passait ses mains sur ses tempes. Chut Siam, chut. T'en sais rien, tu le connais pas Jake. Et même si t'as raison, supposons que tu dises la vérité ; ça changera rien, ma décision est prise. « Je peux pas revenir sur c'que j'ai dit. J'te jure qu'on partira, où tu voudras. » T'auras la vie que tu mérites Siam. T'auras tout ce que tu veux, on pourra partir loin de tout, loin d'ici. Recommencer notre vie à zéro. « Alors tu partiras tout seul Sam. » Et la porte qui claque, et la sentence qui tombe. La fille ou le frère. Et le plus terrible était qu'il n'avait même pas besoin d'y réfléchir ; c'était déjà imprimé à l'encre indélébile dans sa tête.

★★★

Les sirènes, les gyrophares. La pluie qui tombe sans cesse, et l'odeur du macadam mouillé. Il était quelque part entre l'inconscient et à la réalité, sur une mince limite qu'il risquait de franchir à tout instant. Il entendait les gens, percevait de manière totalement floue quelques personnes sur le bord de la route, et d'autres en uniforme, qui s’affairaient autour d'eux. Il n'arrivait plus à parler, ni à bouger, il sentait juste son corps qui tremblait involontairement, ou peut-être n'était-ce qu'une impression. Il continuait à convulser presque imperceptiblement, le regard fixé sur le noir de la nuit. Il n'arrivait même pas à capter les visages, notamment celui de l'homme qui lui parlait. À gauche, à droite, en haut. Son regard faisait toutes les directions. « Jake, jake, jake, où il est jake, où est jake, où il est, où est jake, où il est. » Obnubilé. Les murmures mourraient lamentablement contre ses lèvres, et la panique lui coupait le souffle. Peut-être que le secouriste était en train de lui crier dessus, pour couvrir le bruit des appareils de désincarcération. Mais Sam n'entendait rien, plus rien sauf les battements de son propre cœur, et ce sifflement sourd et persistant au creux de son oreille. Il peinait à respirer, avec l'impression qu'un liquide lui bloquait la trachée. Peut-être que ce n'était pas qu'une impression ; il était incapable d'en juger. Il ne pouvait même pas regarder à droite, à gauche, les draps blancs qui couvraient trois corps, les lances qui maîtrisaient le feu de voiture. Il avait trop peur pour tenter quoi que ce soit, et de toute façon, son corps tout entier avait abandonné la partie, n'obéissant plus vraiment. Plus du tout.

★★★

Blanc. Tout était blanc, ou gris, au choix. Et il y avait cette odeur de désinfectant dans l'air, celle qui en devenait presque écœurante, tant elle saturait la pièce, comme dans toutes les autres de l'hôpital de Minneapolis. Il se sentait encore mal, complètement engourdi, la douleur était toujours présente, bien que moindre. Il avait l'air ailleurs, son regard était perdu dans le vague, et on ne savait pas vraiment s'il entendait les gens qui essayaient de lui parler. Peut-être qu'il préférait les ignorer, et vu les circonstances, c'était presque compréhensible. Sa mère passait tous les jours, elle pleurait un peu. Son père était furieux et anéanti, fatigué pour le boulot à côté, et par les démarches administratives. Siam était venue, juste une fois avant qu'il ne se réveille de ces quelques jours dans l'inconscient. Il venait d'émerger d'un long repos, mais rien n'y faisait, il se sentait toujours aussi mal. La gorge sèche, il respirait bruyamment, et essayait presque péniblement de soutenir le regard rouge de toute la famille qui était présente pour son réveil. Toute la famille moins lui, moins Jake. Siam était assise à côté, elle tenait sa main dans les siennes, mais il ne réagissait pas. Il ne réagissait plus. Il était comme vide. « Comment tu vas mon ange ? » Souffla faiblement sa mère. Je vais bien m'an, ça se voit pas ? Pour peu, je sauterais de joie. Il la regardait de ses grands yeux creusés, inspirait profondément. « Bien. » Enfin, j'crois. Un sourire timide se dessinait sur ses lèvres, alors qu'il détaillait tour à tour, tous les visages présents dans la pièce, avant d'en revenir à sa mère. « Qu'est-ce qui s'est passé ? » Demanda-t-il presque innocemment, ignorant son père qui semblait ruminer, et sa mère qui menaçait de pleurer à nouveau. Siam s'efforçait de sourire elle aussi, de ne pas perdre la face, et pourtant, elle n'y comprenait rien. Aucun d'eux n'était en mesure de comprendre ce qui se passait. « Qu'est-ce qui s'est passé maman ? » Renchérit-il, comme dans le besoin pressant de savoir, de comprendre. Il avait tout oublié. Et c'était peut-être mieux ainsi.

★★★

« Tu as eu un accident, Sam. » S'aventura Siam, avec une certaine hésitation pour faire trembler sa voix. Un accident ? Quel accident ? Il se souvenait de la voiture encastrée dans un poteau, du bruit des ambulances et des pinces de découpe. Rien de plus. Il se tourna vers la blonde qui venait de parler, fronçant un peu les sourcils, comme perplexe. Et qui es-tu, toi ? Qu'est-ce que tu fais là ? On se connaît ? Ses yeux posaient mille questions, mais ce n'était pas suffisant, alors il en venait aux mots. « Je te connais ? » On aurait presque pu croire à une mauvaise blague au début – c'était tellement dans ses cordes, les blagues carambar – mais pour le coup, c'était bien trop sincère pour être faux. Comme vexée, la blonde hocha légèrement la tête avant de se relever, et de partir comme une furie hors de la pièce. Légèrement affolé, il regardait les autres, cherchant à comprendre. Mais personne ne pouvait lui expliquer, puisque personne n'arrivait à suivre ce qui se passait dans sa tête. Sa mère secoua un peu la tête, et quitta la pièce à son tour, comme tous les autres. Penchant un peu la tête, il pouvait apercevoir le médecin parler, de l'autre côté du store. Il ne comprenait pas ce qu'il disait, et quelque part, c'était peut-être mieux ainsi. Car il était loin de s'attendre à ce que, dans quelques jours, on le diagnostique comme amnésique partiel. Il avait gagné le gros lot. Ou plutôt il avait tout perdu ; le frère, la fille. Et la mémoire.

★★★

« Jake.
            J'espère que tu te plais bien aux Bahamas. J'aurais bien voulu que tu m'attendes pour y aller, en fait. Mais c'est pas grave. Je te rejoindrais, quand j'aurais le temps. Et quand ils voudront bien me laisser partir. M'an dit que je peux pas encore. Que je dois aider Pa' au garage. Et puis, il y a cette fille aussi, Siam. Tu te souviens de Siam ? Moi non.
            Tu sais Jake, Man fait que de dire que t'es parti parce que t'en avais marre de m'entraîner dans tes conneries. Elle a pas voulu m'entendre, quand je lui ai dit que je faisais ça parce que je le voulais, pas parce que tu m'y obligeais. Elle me dit que je devrais rester loin de toi. Mais c'est pas vrai. Et de toute façon, j'ai pas envie. Tu me manques. Et quoi qu'ils disent tous, t'es mon frère, tu le sais ça.
            Je viendrais. Bientôt. Quand ils me laisseront partir. Je dois te voir, parce que je deviens fou ici. Depuis l'accident. Je sais que tu m'attends là-bas, et je ferais vite, promis.
            Tu nous manques vraiment.
 »

Une autre lettre. Ça devait faire un peu plus d'une cinquantaine, en quelques mois. Une cinquantaine de lettres envoyées à une adresse factice, quelque part aux Bahamas. Une lettre sans réel destinataire. Mais il y croyait dur comme fer ; il continuait de penser que ces petites missives arrivaient chez son frère. Dans une maison qui n'existait pas. À une personne qui n'existait plus. Mais il n'était pas fier de ce qu'il venait d'écrire ; c'était certainement la dixième fois qu'il recommençait. Il en avait marre. Et cette fois, la pointe du stylo venait hargneusement déchirer le papier. Il jetait tout par terre, balayait violemment le bureau, et portait ses mains à ses tempes, comme pour faire cesser une violente douleur – soigner le mal par le mal. Il se relevait, faisait les cent pas en respirant bruyamment, avant de se laisser glisser contre un mur pour s'asseoir par terre. Ce n'était qu'une crise de plus, ce que les médecins considéraient comme un choc post-traumatique ; des crises d'hyper-émotivité, qui rythmaient son quotidien. Parfois courtes, d'autres violentes. Il respirait fort, essayait de se calmer comme il pouvait, en se concentrant sur le réveil qui affichait quatre heures du matin. Qu'est-ce qu'il faisait éveillé à quatre heures du matin, lui même n'en avait plus aucune idée. Et c'était quand l'incompréhension venait que les larmes commençaient à couler. Il pensait à demain, et aux jours d'après. À leurs regards, leurs remarques acerbes. Au futur qu'il avait ruiné pour un fantôme. À tout ce qu'il avait perdu dans cet accident. Tout les soirs, toutes les nuits, tout lui revenait à la face comme le revers de la médaille.

Car le pire, c'était pas en survivant qu'il l'avait passé, non.
Le pire, c'était demain. Et tous les jours suivants, jusqu'à la vraie fin.
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